PROJET PEDAGOGIQUE DU MULTIACCUEIL EVEIL PARENTS ENFANTS

SOMMAIRE


I. L’accueil 2

 1e RDV et familiarisation. 2

 L’accueil 3

II. L’éveil. 4

 Les 5 sens 5

 Les âges mélangés pourquoi et comment ? 5

 Les jeux. 6

III. La communication non violente (CNV) 8

IV. L’écologie 9

 L’écologie dans le fonctionnement. 9

 L’écologie avec les enfants. 9

 La nature et l’importance d’être dehors. 10

V. Les soins 10

1. Les changes. 10

2. « Allô maman bobo ». 11

VI. Le repas 12

VII. Le sommeil et temps calme 13

VIII. Le travail d’équipe et coéducation parents-professionnels 13

1. La relation parent-enfant pendant une permanence. 14

2. Avec le groupe 14

3. Le projet pédagogique. 16

IX. L’aménagement de l’espace. 16


Projet pédagogique

Le projet pédagogique découle du projet éducatif porté par l’association et d’une réflexion parents-professionnels. Il dit « comment on fait » au quotidien avec les enfants au multi-accueil.

I. L’accueil

A l’arrivée au multi-accueil, il est primordial que chaque personne se sente accueillie sans jugement et chaleureusement. Cela vaut tant pour les enfants que pour les adultes.

• 1e RDV et familiarisation.


-1er contact avec l’Equipe :
Un rendez-vous est pris. La famille rencontre une éducatrice pour créer un premier lien et poser les bases d’une relation de confiance. Ce moment d’échange permet de répondre aux questionnements des parents par rapport à l’arrivée de leur enfant dans une collectivité mais aussi d’échanger sur projet pédagogique du multi-accueil. Ils peuvent alors parler librement de leurs inquiétudes, de leur enfant (ses habitudes, sa façon de dormir, comment il mange, ce qu’il aime faire…). Un premier travail de coéducation se met en place pour accueillir et accompagner l’enfant et sa famille dans sa singularité et ainsi répondre au mieux à leurs besoins. C’est aussi un moment pour finaliser les modalités administratives (documents, PAI…) et expliquer comment la familiarisation va se dérouler. Ce temps se termine généralement par une visite de la crèche pour que les parents, et l’enfant s’il est présent, rencontrent l’équipe et découvrent l’espace de vie, les jeux etc.

- La familiarisation au multi-accueil :
C’est un temps spécifique conçu pour permettre un accueil en douceur de l’enfant et de ses parents. Généralement d’une durée de 15 jours.
- 1ère semaine parent/enfant :
l’enfant et ses parents découvrent la vie à la crèche afin de se familiariser avec le lieu et ses habitants. (Le temps est variable en fonction de chaque enfant et des disponibilités des parents)
- 2ème semaine :
l’enfant commence à vivre des temps à la crèche sans ses parents. Il fait l’expérience de la séparation avec un allongement de la durée de séparation tout au long de la semaine.
Ces temps restent flexibles et modulables avec un réajustement quotidien selon les besoins et les contraintes, de l’enfant mais aussi de sa famille.
Cette arrivée a été élaborée selon ces modalités pour différentes raisons :
- respecter le rythme propre à chaque enfant et de sa famille
- créer du lien pour favoriser un sentiment de sécurité et de confiance pour l’enfant et de sa famille
- permettre à l’équipe de connaitre au mieux les habitudes et les spécificités de chacun afin d’être plus juste dans l’accompagnement.

• L’accueil


- Le matin : l’arrivée.
L’accueil se fait le matin de 8h à 11h et l’après-midi à partir de 14h, selon les contrats, et pour répondre aux besoins des familles.
Pour préserver les enfants et permettre au groupe de vivre plus sereinement un temps de repas, et/ou de sieste ; il n’y a pas d’accueil entre 11h et 14h.
Il est souhaitable que chaque famille respecte les horaires inscrits sur leurs contrats.

L’accueil est un moment important d’échanges entre le parent, l’enfant et le professionnel.
Ce temps privilégié permet :
- au professionnel de récolter les informations sur l’enfant (s’il a bien dormi, blessure…) pour assurer une continuité maison/crèche.
- au parent de jouer avec son enfant, de le voir évoluer dans le groupe et d’échanger avec un professionnel ou d’autres parents. Ces temps d’échanges lui permettent de créer un lien de confiance.
- au binôme parent-enfant d’apprivoiser la séparation et de rechercher comment se dire au revoir tranquillement. A chacun son rituel, à chacun sa façon de se dire au revoir (un coucou de la main, une histoire, une glissade de toboggan…)
- à l’enfant de s’inscrire dans le groupe et de se séparer de son parent.

La disponibilité, la bienveillance et l’écoute sont essentiels pour que l’enfant et son parent se sentent en confiance et en sécurité, mais aussi que le groupe ne soit pas trop impacter (ne pas s’imposer au groupe). Des repères sont importants pour l’enfant. Il peut alors penser sa journée, il sait où retrouver les jeux, il sait quel adulte va l’accompagner… Tout cela contribue à sa sécurité. La dimension d’espace et d’aménagement est aussi une clé pour l’accueil. L’enfant est principalement accueilli dans l’espace de vie (où il y a le toboggan), le parent prend un temps de jeu ou de lecture avec son enfant avant de se séparer. D’autres enfants au contraire restent dans le 1e espace (lieu repas) font des puzzles au calme avec leurs parents pour ensuite se séparer et aller dans l’espace de vie. A chacun sa manière d’investir l’espace. Pour des séparations difficiles nous privilégions l’espace de vie en fermant la barrière qui mène à l’espace repas pour éviter que l’enfant ne se focalise sur la porte d’entrée.
Le vécu d’une séparation peut parfois impacter la suite de la journée de l’enfant au multi-accueil.

Chaque personne est un accueillant potentiel (tant enfant, que parent, que professionnel). Le professionnel veillera particulièrement à accompagner la séparation si nécessaire. Le parent peut solliciter du soutien auprès de toute l’équipe pour ce moment délicat.
Un temps spécifique, autour de 9h45 « Le Bonjour » sans accompagnement à la séparation :
C’est un temps privilégié du groupe qui permet de se rassembler, de se nommer, de se dire bonjour individuellement avant de commencer les ateliers.
Pour les arrivées tardives à partir de 10h, lorsque les ateliers ont commencé, le parent notera lui même son heure d’arrivée sur un registre dans l’entrée, et pourra aller à la rencontre du professionnel installé dans l’espace jeux libres.

L’accueil du soir, le départ se fait selon les contrats en général à partir de 16h. C’est un moment de retrouvailles entre le parent et son enfant. Ce temps privilégié est aussi important que celui du matin :
- Le professionnel échange avec le parent pour parler de la journée de son enfant à la crèche, L’équipe répond aux questions du parent en attachant une attention particulière à ce qu’il a vécu, expérimenté, créé, inventé, ressenti … Plutôt que de parler uniquement du repas ou de la sieste.
- Le binôme enfant-parent se retrouve et partage un moment ensemble à la crèche. L’enfant a parfois besoin de finir son jeu avant d’aller vers son parent ou de lui montrer ce qu’il sait faire (toboggan, vélo). C’est un moment de plaisir que l’enfant aime partager avec son parent.

A chacun son rythme, sa façon de dire au revoir aux autres enfants, aux professionnels et de retrouver son parent. Toutefois, il est important que les adultes soient attentif au groupe car un parent qui arrive peut signifier aux autres enfants que son parent n’est pas là et générer de l’attente et de l’inquiétude.

II. L’éveil.

Dès sa création en 2004 l’association a mis l’éveil au cœur de l’accueil du jeune enfant même si la norme s’inscrivait dans une tradition hygiéniste héritière de l’après-guerre où l’accent était mis sur les soins, l’hygiène et la sécurité. Les parents fondateurs de l’association se sont appuyés sur des projets expérimentaux issus des pédagogies alternatives. Aujourd’hui, il s’avère que les dernières connaissances sur le développement du jeune enfant font évoluer les principes fondamentaux sur lesquels doit se recentrer le travail d’accueil pour les enfants de moins de 3 ans. Le cadre national pour l’accueil du jeune enfant, le plan d’action pour la petite enfance, issu du rapport Giampino conforte l’association dans ses orientations.
L’éveil a plusieurs sens, définitions :
 Action de sortir de son sommeil, de son engourdissement.
 Fait de se révéler en parlant d'un sentiment, d'une faculté.
 Fait pour quelqu'un de commencer à s'intéresser à quelque chose et à le comprendre.

On peut dire que l’éveil c’est vivre, aller à la découverte du monde, prendre des risques, expérimenter, être acteur de son propre cheminement, construire sa relation à l’autre et à son environnement. Dans chaque instant de sa vie l’enfant est en éveil, quand il observe, quand il cherche ou tâtonne, quand il se « trompe », quand il rêve…
Contribuer à l’éveil de l’enfant c’est aussi créer les conditions lui permettant de développer son intelligence relationnelle, cela commence par mettre des mots sur ce qu’il ressent, ce qu’il touche, ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qu’il entend.
L’enfant s’éveille et s’émerveille d’un rien au monde qui l’entoure. Alors, il prend conscience de lui-même et de sa capacité d’agir. L’adulte accompagne cet éveil. Il se doit de garantir le respect de l’autre.
Laissons-lui le temps de découvrir son environnement à son rythme, de faire ses expérimentations, sans le juger mais plutôt en témoin de ses découvertes.
Par exemple un verre d’eau est si intéressant qu’on finit par se mouiller un jour. Quelle sensation ? Quand l’eau tombera-t-elle ? Que va faire mon copain ? Que va dire l’adulte ?
Grâce aux 5 sens, aux jeux et aux différents ateliers l’enfant s’éveille.

• Les 5 sens

L’éveil passe inévitablement par les 5 sens : Toucher – Sentir – Entendre – Goûter – Voir.

Au multi-accueil parental, l’équipe et les parents proposent différents ateliers pour que les enfants développent leurs sens. Ils peuvent manipuler lors des ateliers riz et jeux d’eau, goûter, sentir et toucher lors de l’atelier légumes ou pendant les repas, développer leur ouïe pendant les temps chansons ou l’atelier musique…
Ces différents moments permettent aux enfants de développer leur autonomie, de se sensibiliser à la nature et de découvrir leur environnement physique, sonore, social, visuel...
Laisser les enfants aller vers la découverte écouter leurs envies, leurs goûts…respecter les émotions des autres.

• Les âges mélangés pourquoi et comment ?

L’espace du multi-accueil a été conçu, pensé, réfléchi pour accueillir des enfants entre 1 et 3 ans dans un même espace. Le choix des âges mélangés et de ne pas créer de sections permet d’accueillir les enfants en respectant le rythme de chacun, de ne pas les cloisonner dans un niveau qui correspondrait seulement à leur âge et pas à leur développement qui varie d’un enfant à l’autre. Nous sommes convaincus de l’intérêt des âges mélangés aussi bien pour les plus petits que pour les grands. Les plus jeunes observent beaucoup les plus âgés, leur déplacement, leur langage et vont essayer de reproduire ce qu’ils voient, dans une volonté de jouer et de communiquer avec les autres enfants. Tandis que les plus âgés vont être dans le « prendre soin » en faisant attention au plus petit, en les aidant pour leur déplacement, en leur tenant la main, ou les aider à mettre le bavoir, à s’essuyer la bouche avec le gant… Au-delà de ces intérêts, les âges mélangés apprennent le respect de l’autre qu’importe son âge, sa taille, son niveau de développement. Une diversité, qui se retrouve dans la société, et qu’ils apprennent ici à apprivoiser.
A la crèche nous ne proposons pas les ateliers selon l’âge de l’enfant, pour ne pas freiner son envie de découvrir. Chacun est libre de choisir selon ses envies, ses besoins. Chaque atelier est ouvert à tous les enfants, sous la surveillance d’un adulte pour que les plus petits soient en sécurité (ex : ne pas mettre la colle dans la bouche). Le fait de mélanger les âges va aussi permettre d’être plus disponible pour les plus petits, puisque les plus grands vont être autonomes, donc moins dans la demande de l’adulte. Ce dernier peut alors se concentrer plus spécifiquement sur les besoins des plus petits ce qui est plus difficile quand le groupe se constitue uniquement de plus jeunes.

• Les jeux.

« Il exprime par le jeu ce qu’il aurait bien du mal à traduire par des mots […] le jeu est son langage secret que nous devons respecter même si nous ne le comprenons pas. »

Le jeu est essentiel dans le développement de l’enfant. Le jeu est le travail de l’enfant. Il lui permet de s’épanouir, de se socialiser, de créer et d’expérimenter.
Au multi-accueil Eveil Parents Enfants, nous faisons la distinction entre jeux libres et jeux à la demande. L’équipe a alors réfléchi à chaque jeu, son intérêt pour l’enfant, le nombre d’exemplaires mis à disposition ainsi qu’à l’aménagement avec l’utilisation des photos des jeux sur les étagères pour donner des repères à l’enfant.
Le choix des jeux est donc évolutif et s’adapte aux besoins des enfants.

Les jeux libres.
« Développer le goût pour l’activité autonome est essentiel pour que les enfants deviennent des adultes “créatifs et responsables”

Il s’agit des jeux en libre accès, mais aussi d’objets usuels ou pas, de bouts de tissus, de « machins », disponible à hauteur d’enfant. L’espace jeux comprend la structure avec le toboggan, le coin dinette, certains livres et tous les jeux sur les étagères du bas. Le jeu libre a une place très importante dans la vie de l’enfant. Il lui permet de développer sa confiance en soi, stimule son autonomie, favorise sa pensée créative et permet de faire de nouveaux apprentissages.
Quand il joue, il vit sa pensée divergente, c’est une capacité essentielle. « C’est le talent de trouver beaucoup de réponses différentes à une question, de trouver beaucoup d’interprétations possibles de la question elle même. (…) »
L’enfant peut alors s’exprimer librement et agir par lui-même seul ou avec l’autre. L’adulte est présent et se rend disponible afin que l’enfant puisse agir seul ou en groupe. C’est un moment propice aux observations qui permettront de voir l’évolution des enfants et de pouvoir adapter les jeux en libre accès aux besoins identifiés.
CF : Jouer, faisons confiance à nos enfants, André Stern, Actes Sud
Le jeu libre, sans règles, est indispensable dans le développement de l’enfant. C’est un espace de liberté où il laisse libre cours à son imagination. Pendant ces temps de jeux l’enfant va :

¬ Développer son aptitude à vivre en société. Il apprend à faire des efforts pour satisfaire le désir de l’autre sans frustration. Par exemple quand l’enfant fait du toboggan il doit attendre que les autres enfants descendent avant de pouvoir avoir le plaisir de descendre à son tour.
¬ Se libérer du stress et de l’anxiété. Par le jeu, l’enfant va rejouer une situation stressante ou anxiogène pour pouvoir l’appréhender. Il va reproduire ce qu’il a vécu à la maison, un petit frère ou une petite sœur qui pleure beaucoup, papa et maman qui se fâchent…

Les jeux à la demande.
Il s’agit des jeux rangés dans les placards ou au-dessus du placard tel que : les poussettes, les lego, les outils, les animaux aimantés… L’adulte est présent et attentif aux situations que peuvent provoquer ces jeux. Il médiatise souvent d’avantage les relations entre les enfants lorsque ces jeux sont demandés. En fonction des temps forts du quotidien la demande de l’enfant peut ou ne pas être satisfaite mais dans tous les cas elle est entendue et prise en compte.
Les jeux à la demande vont permettre à l’enfant de formuler une demande, une envie à l’adulte. Il y a une démarche d’affirmation de soi (je sais ce que je veux et j’ose le demander à l’adulte).

Les ateliers.
« L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir » Maria Montessori.
Les ateliers sont des temps proposés par l’adulte dans un espace déterminé et avec un matériel propre à chaque activité. Ils ont lieu toujours au même moment de la journée c’est-à-dire le matin après la collation vers 10h, et durent environ 30 minutes. Ils se font par petit groupe de 4 ou 5 enfants voire en grand groupe. Chaque atelier a un espace bien défini afin d’apporter des repères. La place et le rôle de l’adulte dans ces ateliers est très important. L’adulte a une place d’observateur et de médiateur. Il ne doit pas interférer dans l’action de l’enfant en faisant à sa place ou devancer son imagination en imaginant ce que l’enfant est en train de faire.
Exemple pour le dessin: « elle est belle ta fleur dis donc » ; nous voyons son dessin à travers les yeux d’adultes mais l’enfant a peut-être dessiné un arbre, un bonhomme, un escargot… Laissons-nous porter par l’imagination de l’enfant, laissons le nous raconter l’histoire de son dessin.

Ces temps d’atelier sont adaptés aux besoins des enfants et à leur développement psychomoteur. Ils permettent à l’enfant de faire de nouvelles expériences mais aussi de sortir du grand groupe et d’avoir un temps plus individualisé. Ces ateliers sont diverses : dessin, peinture, riz, jeux d’eau, atelier légumes, danse, lecture, jardinage, pâte à sel, puzzle... Ils ont différents objectifs comme développer/éveiller l’imagination, la créativité, la relation à l’autre, la motricité globale, la motricité fine, l’autonomie. Mais ils permettent aussi de découvrir l’environnement, d’apprendre des notions d’espace et de quantité (lourd, léger, plus petit, plus grand), de respect de la sphère intime et l’espace personnel de chacun.
L’important c’est le plaisir que l’enfant va prendre en participant à ces ateliers. Il n’est attendu ni production, ni résultat des enfants. Chacun est libre d’investir l’atelier proposé selon ses envies et ses besoins.

III. La communication non violente (CNV)

« Je me sens si condamné par tes mots
Je me sens tellement jugée et repoussée,
Avant de partir, j’aimerais savoir,
Est-ce cela que tu voulais dire ? »


La communication non-violente (CNV) est un langage élaboré par Marshall B. Rosenberg, docteur en psychologie. Il la définit comme « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d'en faire autant ».
La CNV nous engage donc à reconsidérer la façon dont nous nous exprimons et dont nous entendons l’autre. Le terme « non-violent » est une référence au mouvement de Gandhi et signifie ici le fait de communiquer avec l'autre sans lui nuire.
C’est une approche basée sur la compréhension et la prise en compte des besoins de chaque être humain, quels que soient son âge et son statut. Dans l’éducation, cette prise en compte des besoins de l’enfant, favorise l’estime de soi et le respect des autres.
A la crèche, nous désirons développer et insister sur la CNV pour favoriser :
- Une autorité basée sur le respect mutuel. L’adulte n’a pas un rapport de pouvoir vis-à-vis de l’enfant. Chacun respecte les besoins de l’autre.
- Une gestion constructive des conflits. Les conflits font partie du quotidien. Ils doivent être constructifs pour l’enfant en donnant lieu à un échange plutôt qu’à une punition.
- Une coopération et un plaisir dans la relation. La CNV favorise une qualité de relation avec les autres et l’estime de soi. Cela développe aussi une coopération entre adultes, avec les enfants et entre enfants.
- Une éducation à l’autonomie et à la responsabilité. Cette manière d’être dans la relation avec les enfants favorise l’autonomie et la responsabilité, ainsi que la créativité et la capacité d’initiative.

Les mots peuvent faire mal, être jugeant et donner à l’enfant une estime de soi négative. Le principe de la CNV est de remplacer tout jugement par une observation objective, mais aussi de parler de ce que l’on ressent. En disant à l’autre ce que l’on ressent on ne le juge pas, on ne le critique pas. Il faut alors décrire la situation en commençant ses phrases par « je » pour être dans les faits et non dans le jugement. En partant de ce que l’on ressent soi, on ne devance pas l’émotion de l’autre et on laisse place à une communication bienveillante. Si les adultes sont dans cette démarche ils vont petit à petit accompagner les enfants dans cette communication.

En pratique, la démarche de la communication non violente passe par 4 composantes, 4 étapes :

- L’observation : énoncer clairement ce que, dans les paroles ou dans les actes, nous n’apprécions pas.

- Le sentiment : dire ce que nous ressentons suite à ces faits ; sommes-nous tristes, joyeux, inquiets, amusés, fâchés ?

- Le besoin : exprimer les besoins qui sont à l’origine de ces sentiments.

- La demande : formuler une attente, une demande que nous avons envers l’autre.

Un exemple concret d’un enfant qui monte sur une table. Nous pouvons lui dire : « Je vois que tu es debout sur la table, je suis inquiet parce que j’ai besoin de te savoir en sécurité. Tu veux bien descendre de la table ? » L’adulte doit ensuite laisser le temps à l’enfant d’entendre sa demande et le laisser descendre seul.

Au fur et à mesure que l’enfant grandit et enrichit son langage, il va pouvoir lui aussi exprimer ces 4 étapes. La démarche va dans les deux sens, il faut donc être prêt à recevoir et à écouter l’autre.

« La CNV repose sur une pratique du langage qui renforce notre aptitude à conserver nos qualités de cœur, même dans des conditions éprouvantes. »

IV. L’écologie

La crèche souhaite éveiller ces jeunes enfants urbains à la nature, à la biodiversité et à l’impact humain sur l’environnement. Cette notion d’écologie est centrale au projet puisqu’il s’agit du bien-être de l’enfant, de sa respiration, de son avenir. Il est donc vital. Cette démarche écologique regroupe différents points : le fonctionnement au quotidien et l’accompagnement des enfants.

• L’écologie dans le fonctionnement.

L’écologie est une pratique quotidienne qui se retrouve dans le fonctionnement de la crèche. Pour les repas, le choix d’une alimentation biologique et des repas fait sur place à base de produits frais de saison... Ils sont préparés par un parent de permanence.
Nous utilisons des couches lavables, faisons les soins à l’eau savonneuse ou au liniment BIO fait maison.
Nous recyclons tous nos emballages et nos déchets organiques que nous amenons tous les jours au compost du jardin partagé.
Pour l’hygiène et l’entretien nous souhaitons limiter la pollution intérieur et l’emprunte carbone en utilisant du vinaigre blanc, du savon noir, et des produits d’entretiens labéliser écologiques.

• L’écologie avec les enfants.

L’écologie se retrouve aussi dans l’accompagnement des enfants par le choix des jeux et les ateliers proposés. Le mobilier et le matériel pédagogique sont majoritairement en bois. La lumière est celle du jour.
Différents moments permettent l’éveil des enfants à l’écologie, l’atelier légumes, le jardinage, l’observation du lombricompost, les sorties au parc et les visites au jardin partagé qui permettent à l’enfant d’être en lien direct avec la nature. Il peut ainsi découvrir, sentir et toucher la terre, les plantes, et les légumes.

• La nature et l’importance d’être dehors.

Les bienfaits d’une sortie à l’extérieur sont multiples. Les enfants ont besoin d’être dehors. Ils ont ainsi plus d’espace pour courir, sauter et découvrir. L’ambiance sonore est plus agréable car les enfants ne sont pas confinés dans un petit espace. Ce temps dans la cour extérieure, dans le jardin ou dans la ville est un réel moment de bien-être pour les enfants, il apprennent à découvrir et à respecter le monde qui les entoure. Nous remarquons que lorsqu’ils jouent dehors ils sont moins stressés et plus apaisés. Les enfants prennent plaisir à être au contact de la nature, à toucher la terre, à sentir les fleurs, à observer les animaux. Ils aiment aussi regarder des choses du quotidien, un avion dans le ciel, un gros camion qui passe, entendre la sirène des pompiers… Les enfants sont très sensibles à tous les sons, les mouvements que l’on peut observer, entendre à dans la ville alors qu’en tant qu’adulte nous n’y faisons plus attention. C’est aussi l’occasion de faire le lien avec le travail développé sur les sens et le langage d’évocation : j’entends un bruit, qu’est-ce que c’est ? Où est-ce que je l’ai entendu, vu ?
Nous encourageons ainsi la curiosité, la communication entre les enfants qui peuvent partager leurs expériences.
Des activités spécifiques ont été mises en place en collaboration avec les parents et doivent perdurer :
- le jardinage : dans la cour les enfants plantent des graines chaque année, peuvent les observer tout au long de leur évolution, toucher, goûter à ce qui pousse ;
- une sortie quotidienne au jardin partagé est l’occasion d’aller au compost jeter les déchets du multiaccueil mais aussi d’observer le jardin et son évolution au cours des saisons ;
un lombricompost où l’on peut jeter les épluchures après une activité cuisine a été installé : il permet d’observer de plus près ce qui se passe dans le compost du jardin, faire le lien et comprendre petit à petit de quoi il est fait, comment les déchets sont transformés…

Alors cessons de dire « il va attraper froid », « il est malade ce n’est pas bon pour lui », « le sol est mouillé il va se salir » et laissons l’enfant jouer librement à l’extérieur. Il est recommandé de ne pas envoyer un enfant jouer dehors si la température, avec ou sans le facteur vent, est de -27 °C ou moins. Donc qu’est-ce qu’on attend ? Mettons nos manteaux, nos bottes et courons dehors !

V. Les soins

Le soin est l’acte par lequel on veille au bien-être de l’enfant.
1. Les changes.
Avant même ce temps de change, il est important de proposer à l’enfant de venir pour changer sa couche, ça ne doit pas lui être imposé. De même, il faut prévenir l’enfant pour ne pas le couper dans son jeu.
C’est un moment privilégié d’échange entre l’enfant et le professionnel. L’équipe porte une attention particulière à la communication. En prévenant l’enfant de ce qu’on va faire, en nommant les différentes parties de son corps l’enfant va apprendre à connaitre son corps et à identifier où est son ventre, ses jambes, ses bras… Pendant le soin, l’enfant est actif et va petit à petit devenir autonome : monte les escaliers, enlève son pantalon, sa couche, va sur le pot ou aux toilettes…
La notion d’intimité est essentielle pendant ce moment. Même si la nudité à cet âge ne gêne que peu de monde, la pudeur de l’enfant existe et il faut la respecter. C’est pour cela que le coin change est un espace cloisonné pour éviter tous les regards indiscrets. De même, un enfant peut être gêné du regard de l’adulte pendant qu’il est sur les toilettes ou sur le pot.
C’est donc un temps de bien-être et de confort pour apporter de la sécurité et acquérir une autonomie.

2. « Allô maman bobo ».
Les enfants sont en pleine découverte de leur environnement. Ils font des expériences. Les coups, les chutes, les blessures font donc partie de leur apprentissage. Certains bobos sont dus à une mauvaise connaissance de leur corps, à un manque de coordination. D’autres sont la cause de pulsions, suite à une contrariété, une frustration, un désaccord. Chaque type de blessure a un protocole différent :

¬ Les hématomes, suite à un coup ou un choc.
Un enfant qui descend trop vite le toboggan et qui se cogne à la descente, qui se relève trop vite de l’espace sous le toboggan et se cogne, 2 enfants qui courent et se cognent… Les exemples sont nombreux. Dans ce cas-là il faut directement appliquer du froid sur la zone avec la poche réfrigérante pour diminuer l’hématome, appliquer de la crème arnica et donner des granules arnica (homéopathie) pour atténuer la douleur de l’enfant. Nous utilisons aussi de l’arnica en gel qui regroupe le froid et la crème.

¬ Les plaies.
Un enfant qui tombe du vélo sur le béton, une griffure, une morsure sont des exemples de plaies. Avant même de soigner l’enfant il est important que l’adulte se nettoie bien les mains pour ne pas infecter la plaie. Il faut d’abord nettoyer délicatement la plaie à l’eau du robinet puis sécher avec une compresse stérile. Enfin on applique une solution antiseptique ici il s’agit de biseptine en spray.
A la suite de chaque coup, blessure, les adultes doivent être attentifs au comportement de l’enfant qui peut sembler inhabituel (douleurs, fièvre, vertiges…). Dans ce cas-là il peut être nécessaire d’appeler le SAMU.
Nous disposons aussi d’une trousse à pharmacie à emporter lorsque nous faisons des sorties.
Chaque accident est reporté par écrit et inscrit dans un registre. Il s’agit de 3 feuilles à remplir par l’adulte témoin. La première feuille regroupe différentes informations : le nom et prénom de l’enfant, la date et l’heure de l’accident, le nom de la personne qui est témoin, les personnes présentes pendant l’accident, emplacement de la blessure, la description des faits, les soins qui ont été apportés, l’heure à laquelle la famille a été jointe par téléphone…
Les deux dernières feuilles sont des schémas d’un enfant pour localiser l’emplacement de la blessure.

¬ Mais comment on intervient ?
A la crèche nous encourageons l’autonomie de l’enfant c’est pourquoi notre première intervention se fait par la parole et non par le geste. Nous allons alors accompagner oralement l’enfant à se relever, à venir nous voir et nous montrer s’il a mal quelque part. La réaction que l’adulte peut avoir (cris, se précipiter pour relever l’enfant) peut angoisser l’enfant et le rendre dépendant de l’adulte. L’important étant que l’enfant puisse acquérir une autonomie et gérer par lui-même ses bobos, ses chutes, ses conflits… Nous observons que les enfants développent alors de l’empathie et une coopération entre eux. Lorsqu’un enfant tombe et pleure, un autre va lui chercher son doudou ou sa tétine, lui fait des caresses…
Chaque enfant ressent différemment la douleur c’est pourquoi il est important d’observer l’enfant, d’échanger avec lui pour savoir comment il se sent. Des petits bobos ou accidents doivent rester constructifs pour l’enfant.

VI. Le repas

Le repas est un moment de convivialité, de partage et de découverte.

La collation a lieu à 9h45 après le temps de regroupement pour le bonjour. Des fruits et de l’eau sont proposés aux enfants.

Avant le repas, à partir de 11h15, un temps chansons est fait pour rassembler le groupe.
Certains enfants peuvent aussi aider le professionnel qui installe le coin repas en nettoyant les tables ou en mettant les chaises.
Nous chantons la chanson du « bon appétit » ce qui est un repère pour l’enfant. Les enfants se lavent ensuite les mains et nous passons à table.

Au repas, les enfants mangent par petit groupe de 4 ou 5 avec un adulte. Le repas doit représenter une source de joie et de plaisir, pour les enfants et les adultes présents à leur côté.
C’est un temps important :
- De socialisation :
il favorise les échanges. L’adulte nomme ce qu’il y a au menu et les enfants communiquent aussi entre eux. Ils partagent leur plaisir de manger un aliment, de boire le yaourt au bol, ils aiment aussi préciser si le plat est chaud… C’est donc un moment de partage, d’échange, de regard et de sourire.
- D’autonomie :
il n’y a pas de plan de table, les enfants sont donc libres de choisir où ils veulent manger. Pendant le repas ils peuvent se servir tout seul, et servir les autres enfants ce qui leur permet d’apprendre à tenir une cuillère et à verser mais aussi la notion de quantité (que contient une grosse cuillère, une louche, servir un peu, beaucoup, trop…) L’enfant développe sa capacité de choisir, donne son avis. Une attention particulière est portée aux plus petits et aux enfants en situation de handicap qui gagneront en autonomie au fils du temps.
- D’éveil et d’expérimentation :
les enfants goûtent, sentent, touchent ce qui fait partie de leurs apprentissages. L’équipe s’adapte donc au rythme de chacun en proposant des verres, mais aussi des biberons, une cuillère mais en laissant aussi l’enfant toucher la nourriture avec ses mains. Les enfants découvrent de nouveaux aliments, de nouvelles textures, de nouveaux goûts. Certains vont expérimenter en faisant des mélanges, la soupe et le quinoa, la purée et l’eau … C’est un réel moment de découverte pour l’enfant.

A la fin de chaque repas l’enfant peut débarrasser son assiette et son verre, jette les restes dans le bac à compost et prend un gant pour se nettoyer le visage et les mains. Un adulte est présent en soutien pour lui montrer les mouvements à faire et finalisera le nettoyage de l’enfant si c’est nécessaire.

VII. Le sommeil et temps calme

Le sommeil est un besoin vital. Il permet d’apprendre, de grandir mais aussi la récupération de la fatigue physique et nerveuse. Au multi accueil Eveil Parents Enfants, la salle de sommeil est un espace collé à l’espace de vie. L’enfant peut donc y aller quand il en ressent le besoin en faisant la demande à un professionnel, ou il peut être proposé à un enfant qui semble fatigué. Cet espace a été pensé pour que l’enfant s’y sente en sécurité et ait des repères. Chaque enfant a donc une place définie, symbolisée par sa photo. Les couchers se font de façon échelonnés entre 12h30 et 14h, par petit groupe de 2 ou 3 enfants. Le but est de respecter le rythme de chacun et qu’un professionnel puisse accompagner les enfants qui ont envie ou besoin de la présence d’un adulte pour s’endormir, ou pour lire une histoire. Chaque enfant a sa façon de s’endormir, sur le dos, sur le ventre, avec une tétine, un doudou, en tenant le doigt d’un adulte, avec des caresses… Ces informations sont transmises grâce aux échanges avec les parents ou aux observations faites par l’équipe. Les professionnels s’adaptent donc aux besoins de chaque enfant pour qu’il puisse s’endormir sereinement. Il est parfois dur pour l’enfant de se laisser aller au sommeil, c’est un moment qui peut être inquiétant pour lui, où il pense souvent à ses parents. La présence d’un professionnel est alors essentielle pour accompagner et rassurer l’enfant.
L’enfant est autonome et peut se lever quand il le veut, ou au contraire rester dans son lit avec un livre. Chaque enfant se réveille ainsi petit à petit à son rythme tout en respectant le sommeil des autres ; l’équipe est donc attentive au niveau sonore et invitera l’enfant qui fait trop de bruit à sortir de la salle de sommeil.

VIII. Le travail d’équipe et coéducation parents-professionnels

L’équipe est composée de 6 professionnels, 3 animatrices et 3 éducatrices (dont la référente technique). Chaque professionnel a donc sa spécificité, un parcours différent, ce qui crée un enrichissement mutuel.
La coéducation : Le terme « coéducation » renvoie aux relations parents/professionnels relative à l’éducation des enfants. Cela concerne les différents milieux extra-familiaux, tels que le multi-accueil, ou plus globalement tous les lieux éducatifs, thérapeutiques ou de loisirs.
Le préfixe « co » implique que l’acte d’ « éduquer » s’effectue « avec ». Il faut donc être au moins deux dans une démarche de coéducation. Dans une démarche de coéducation les pratiques et modèles éducatifs ne sont pas forcément identiques. Ils peuvent être différents, complémentaires, l’important est qu’ils soient discutés et cohérents pour l’enfant, pour lui permettre de construire son identité, en valorisant la culture familiale et en s’enrichissant des apports extérieurs.
La coéducation entre parents et professionnels est importante pour l’enfant, mais également pour les parents et les professionnels. Dans un contexte de crèche parentale, la reconnaissance et la valorisation mutuelle basées sur la confiance, la bienveillance, l’empathie, la complémentarité et l’acceptation des besoins et des limites de chacun sont des conditions indispensables pour permettre la coopération.
La coopération : C’est une organisation opérationnelle, avec une répartition individuelle des taches et des responsabilités. De ce fait il y a une interdépendance forte des actions et des valeurs partagées pour atteindre un objectif commun. Mais elle n’existe en réalité que si chacun peut développer ses points de vue contraires, sans peur et avec confiance.
L’équipe et les parents travaillent ensemble sous différentes formes :

1. La relation parent-enfant pendant une permanence.

Il s’agit de l’accompagnement parent-enfant pendant une permanence.
Au multi accueil il y a des permanences en salle le matin ou des permanences en cuisine matin et après-midi. Elles durent 5 heures.
L’équipe travaille au quotidien avec le parent. Parfois, au début, il est difficile pour le parent comme pour son enfant d’être ensemble « autrement » dans ce nouvel espace collectif. L’équipe est présente pour les soutenir dans l’évolution de leur relation parent-enfant.
Quand le parent est en salle, l’équipe se pose la question de comment l’accompagner avec son enfant pour qu’il puisse aussi être à l’écoute des autres enfants ? Les professionnels ont ici un rôle important, d’écoute, de soutien et d’accompagnement. Il est parfois judicieux que l’enfant ne participe pas à l’atelier avec son parent ou ne mange pas à la même table.
Quand le parent est en cuisine, l’enfant peut avoir du mal à s’inscrire dans le groupe d’enfants et peut avoir tendance à rester sur une chaise à coté pour regarder et parler avec son parent. Lorsque cette situation est trop difficile pour l’enfant, ou le parent, c’est alors à l’équipe d’accompagner l’enfant pour qu’il puisse accepter cette autre séparation dans la relation parent-enfant.

2. Avec le groupe

Il s’agit de l’accompagnement du parent au niveau du collectif d’enfants. Ce dernier peut avoir besoin d’être guidé dans le travail qu’il effectue en salle et dans sa relation au groupe d’enfants.

Les 5 clés, en lien avec nos pratiques, permettent d’accompagner les adultes dans leur présence auprès des enfants.
♦ Respecter la spécificité de chacun.
L’intérêt ici est de permettre à chacun de trouver sa place. Chaque personne a son histoire, sa personnalité, ses compétences, son rythme qu’il faut respecter afin de travailler ensemble. Nous devons nous adapter les uns aux autres sans chercher à changer les personnes.
♦ Ne pas juger.
Le jugement n’a pas sa place en collectivité. Nous accueillons chaque enfant et sa famille dans sa globalité et en respectant son individualité.
Nous devons faire attention aux mots que nous employons car certains mots peuvent dévaloriser l’enfant, le stopper dans son élan de découvrir….
Les mots bien/mal/gentil/méchant/beau/moche ne sont donc pas appropriés pas plus que les « mon chéri », « mon petit » ou autres surnoms (même s’ils sont utilisés en famille) ayant une dimension affective non approprié dans le cadre d’un accueil d’enfants au sein d’un collectif.

4 étapes essentielles :
1. Décrire l’action : « Il t’a tapé sur la tête avec le jouet »
2. Faire des hypothèses : « Tu as mal ? » ou « Tu as l’air d’avoir mal »
3. Parler de sa propre émotion : « ça me fait mal au cœur quand les enfants ont mal »
4. Faire une proposition : « Tu peux mettre tes mains sur la tête pour te protéger » ou « Tu peux te tourner pour lui montrer que tu as envie de jouer seul »

♦ Se mettre au sol à hauteur d’enfant.
Il y a parfois beaucoup de mouvements de l’adulte, pour l’enfant cela l’interroge sur un départ potentiel, peut l’insécuriser, ou créer une certaine domination dans le rapport adulte/enfant.
C’est pourquoi il est important que l’adulte se mette au sol, à hauteur d’enfant. Tout d’abord pour rassurer et sécuriser l’enfant. Mais aussi pour permettre l’observation et voir ce que l’enfant fait. Cela permet des échanges et une considération favorisant l’enfant à se construire une image positive de lui-même.
Au multi-accueil on ne porte pas les enfants (sauf si besoin) et cela est d’autant plus important que l’adulte n’est pas le parent de l’enfant. Pour les professionnels, porter les enfants accroit le risque de TMS. Plus globalement, porter un enfant c’est l’extraire du groupe, c’est aussi une entrave à l’agilité physique que l’adulte doit avoir lorsqu’il travaille auprès d’un groupe d’enfants et cela peut accroitre le risque de chutes.
Travailler l’autonomie des enfants implique une attention à la motricité libre des enfants dans tous les instants de la vie du multi-accueil.

♦ Accueillir toutes les émotions.
Il n’existe pas d’émotions positives et négatives. Elles font partie de la totalité de l’être humain. Les accueillir toutes permet à l’enfant d’apprendre à se connaître sans se juger et participe à son développement affectif.
Laisser l’espace à l’enfant de son émotion.
4 étapes essentielles :
  • 1. Retenir sa réaction
  • 2. Recevoir, être dans l’empathie et non dans la négation ou la dramatisation.
  • 3. Mettre des mots sur l’émotion vécue. Nommer.
  • 4. Accompagner « la gestion » de cette émotion. Se rendre disponible : « Si tu as besoin, je suis là, tu peux venir… »

♦ Ne pas attendre de production.
« Fais comme-ci, fais comme ça, colle le ici, mets-le là… » sont des ordres, des indications où l’expression personnelle ne peut pas exister.
Lorsque nous proposons un atelier, bien souvent nous avons une attente, une idée déjà présente dans notre tête sur ce que les enfants pourraient en faire ou devraient en faire : un dessin se fait comme ça, un crayon s’utilise pour dessiner sur une feuille… or certains aiment les transvaser, les manger, s’écrire sur la peau…
L’adulte est présent pour proposer du matériel expérimental aux enfants afin qu’ils l’utilisent, découvrent, essayent, imaginent… Mais aussi qu’ils s’éveillent et s’enrichissent de leurs expériences, ils peuvent utiliser le matériel à leur façon, à leur idée, en imitant les autres… Et que l’adulte est présent pour les accompagner dans leurs expériences, en mettant des mots sur leurs actions tout en veillant à leur sécurité.

Chaque adulte arrive au multi-accueil avec ses pratiques familiales, ses représentations, ses habitudes, son savoir et ses connaissances. C’est alors à l’équipe de l’accompagner afin d’assurer à tout moment la cohérence de l’accueil des enfants, le respect du projet éducatif et répondre aux besoins des enfants.
Comme pour les professionnels, il y a pour chaque adulte qui intervient au multi-accueil, un cadre commun à respecter.

3. Le projet pédagogique.

Le projet pédagogique découle du projet éducatif. Il est travaillé pendant les rencontres pédagogiques parents-professionnels, qui ont lieu 1 fois tous les 2 mois. Ces temps permettent d’échanger, de se questionner, de se rassurer (aussi bien parent que professionnel) mais aussi de faire évoluer les pratiques grâce aux observations des parents et des professionnels et d’avoir une réflexion commune.
Le projet pédagogique détaille nos pratiques au multi-accueil. Il explique comment on met en œuvre très concrètement les valeurs éducatives de l’association (comment on fait pour que l’enfant soit autonome, comment on lui permet de prendre conscience de lui-même, de son corps et de sa liberté d’expression, de choix, comment on l’accompagne pour qu’il se sente autorisé à penser et agir, et qu’il construise sa confiance en lui et dans les autres …)
IX. L’aménagement de l’espace.
L’aménagement de l’espace est réfléchi en équipe pour mettre en œuvre au mieux le projet pédagogique, favoriser l’autonomie de l’enfant, respecter son rythme mais aussi ses besoins. Au multi accueil l’espace de vie est très grand et sonore. Différents espaces, petits coins, ont été mis en place pour répondre aux envies et besoins de chaque enfant :
L’espace de vie avec le toboggan pour monter, descendre, grimper…
Le coin calme
L’entrée, et les portes manteaux
Le vestiaire enfant
Le coin dinette permet aux enfants d’imaginer, de reproduire ce qu’ils voient…
Le coin psychomoteur pour sauter, se défouler, jouer aux balles…
Le coin livres est un coin plus calme où l’enfant peut regarder des livres. Il y a des coussins, une table. Ce coin se veut reposant.
L’espace jeux d’eau accessible lors d’atelier (avec la présence d’un adulte), permet à l’enfant de vider, remplir
Le coin transvasement accessible lors d’atelier riz ou sable permet de toucher, de vider et de remplir, de faire la différence entre chaque contenant (plus lourd, plus léger, plus grand, plus petit).
L’espace changes où il y a 2 toilettes pour les enfants et 2 plans de changes accessibles par des escaliers
Le dortoir c’est une pièce qui se situe à côté de l’espace de vie. Il est accessible à la demande de l’enfant quand il en a besoin.
La cour est un espace très investi par les enfants et les professionnels. Elle permet de faire du vélo, de jouer à la balle ou aux cerceaux, faire du jardinage, prendre le goûter, courir, sauter…
Tous ces espaces sont des lieux d’expérimentation pour l’enfant. Il peut ainsi circuler librement entre chacun de ces espaces selon ses envies.
Un environnement stable, fiable et sécure est essentiel pour l’enfant. Il a besoin de savoir où il peut retrouver le jeu qu’il a envie, d’où l’importance du rangement des jeux à une place fixe. L’équipe a mis en place un système de photo pour donner un repère à l’enfant et pour faciliter le rangement. L’enfant est alors plus autonome. Il peut prendre le jeu qu’il veut et le remettre ensuite à sa place.

« Il n’est ni nécessaire ni souhaitable d’enseigner aux enfants les acquisitions motrices ; ils le font par eux-mêmes et il importe de respecter cette capacité qui leur est propre ».
Anna Tardos

Dans ce multi-accueil nous encourageons la motricité libre de l’enfant. Cette notion a été développée par Emmi Pickler. La motricité libre consiste à laisser l’enfant libre de ses mouvements afin de lui permettre d’explorer son corps et de se développer en toute confiance. Elle permet :
L’expérience motrice libre
Le développement physiologique naturel
L’acquisition de la confiance en soi
Le développement de l’autonomie
De diminuer les tensions
A l’adulte de se placer en observation